French Riviera Art Guide : un compagnon numérique gratuit pour explorer le patrimoine artistique de la Côte d’Azur

Fondatrice de la plateforme Art Trotter et éditrice d’un guide artistique numérique dédié à la Côte d’Azur, Alisa Mamonova importe un concept scandinave innovant pour révéler les trésors du patrimoine artistique méditerannéen.
Monaco Tribune : D’où vous est venu l’idée de créer le French Riviera Art Guide, qu’est-ce que c’est concrètement ?
Alisa Mamonova : Le concept a émergé en Scandinavie, où j’ai créé et lancé The Art Trotter, une plateforme numérique dédiée à la vulgarisation artistique. L’objectif est simple : rendre l’art accessible au plus grand nombre. L’une de ces initiatives a été la création en Norvège du Digital Art Guide que nous avons lancé il y a quatre ans, couvrant l’ensemble du pays. Depuis, son succès ne se dément pas. Nos utilisateurs l’emploient comme un véritable compagnon de voyage et une source d’inspiration, que ce soit pour une excursion d’une journée, une demi-journée ou même un road trip. L’idée n’est pas seulement de proposer des lieux à visiter, mais et faire vivre une expérience immersive personnalisée pour piquer la curiosité et l’intérêt des personnes. L’année dernière nous avons lancé un guide pour spécifique pour la Côte d’Azur – avec son héritage artistique exceptionnel la région s’imposait naturellement comme la prochaine étape. C’est une région que je connais presque depuis mon enfance, et je souhaitais y transposer notre concept pour mettre en lumière sa richesse culturelle.
Pouvez-vous nous donner un exemple concret de ce patrimoine artistique exceptionnel ?
Depuis la fin du XIXᵉ siècle, la Côte d’Azur a fasciné les artistes, séduits par la nature, la lumière et la douceur de l’hiver méditerranéen. Monet peignait à Monaco et à Antibes, Renoir s’est installé dans une oliveraie à Cagnes-sur-Mer. Puis sont venus Matisse, Chagall, Picasso, qui ont tous choisi la côte pour y vivre et créer. Plus tard, Botero, Helmut Newton ou encore Francis Bacon ont eux aussi entretenu un lien particulier avec la région. En 160 ans, la Côte d’Azur est devenue un véritable foyer de l’art moderne, rivalisant avec Paris et même New York par la densité et la longévité de cette présence artistique. Leur héritage ici est colossal.

Comment équilibrez-vous dans votre guide des artistes si différents comme Coco Chanel, Matisse ou Picasso ?
C’est justement ce contraste qui rend cette région si fascinante. Je ne cherche pas forcément l’équilibre, je souhaite simplement guider les visiteurs vers les meilleures expositions et lieux à visiter pendant leur séjour. La diversité permet de découvrir plusieurs époques artistiques, depuis la naissance du pointillisme jusqu’au cubisme et à l’art conceptuel d’aujourd’hui.
Comment rendez-vous l’art accessible aux non-initiés ?
Cela relève à la fois de l’approche personnelle de chacun, de l’histoire que l’on souhaite raconter et, bien sûr, d’une expérience globale. Il ne s’agit pas seulement de visiter un musée, mais plutôt de s’immerger, lorsque c’est possible, dans une véritable atmosphère. À Saint-Paul-de-Vence, par exemple, je recommande de combiner la Fondation Maeght avec un déjeuner à La Colombe d’Or. Ce restaurant mythique a accueilli de nombreux artistes qui payaient parfois leurs repas avec leurs toiles, aujourd’hui exposées sur place. C’est une façon de vivre l’histoire autrement.

Quels sont vos lieux de cœur sur la Côte d’Azur ?
La maison Renoir de Cagnes-sur-Mer offre un parcours réellement immersif rare et authentique. On marche sur ses traces en voyant ses tableaux, le jardin d’oliviers, les orangers tels qu’il les peignait il y a cent ans. Mon deuxième endroit préféré est la Fondation Hartung et Bergman à Antibes. Anna Eva Bergman était une peintre norvégienne, mariée avec Hans Hartung, lorsqu’ils se sont installés à Antibes. À Monaco, je peux citer deux de mes coups de cœur de cette saison : l’exposition Coco Chanel au Musée national de Monaco et celle de Grace Kelly au Palais.
Quels sont les retours et vos projets d’évolution pour ce guide ? Quel est le profil de vos utilisateurs ?
Le guide est gratuit, car l’ambition est de le rendre accessible à tous. L’accueil est excellent, aussi bien auprès des touristes étrangers que des visiteurs français. Mais nous constatons aussi un fort intérêt des locaux, des familles comme des jeunes, qui souhaitent redécouvrir la région sous l’angle artistique. Contrairement aux idées reçues, l’art n’est pas qu’une affaire de génération : c’est avant tout une question de curiosité et d’intérêt.

De nombreux internautes utilisent désormais les réseaux sociaux, comme TikTok ou Instagram, pour planifier leurs sorties ou leurs vacances, quelle est votre approche vis à vis des réseaux sociaux ?
Les réseaux sociaux sont notre principal canal de diffusion. Mais comparé aux contenus rapides des réseaux sociaux, notre guide se structure géographiquement, par zones, avec un contenu détaillé et contextualisé. Nous ne nous contentons pas de dire ce que vous allez voir : nous expliquons aussi pourquoi c’est unique et ce que vous devez retenir de l’expérience. Nous avons sélectionné des lieux qui offrent une expérience artistique de classe mondiale, dont la plupart présentent un art et un patrimoine que l’on ne peut découvrir qu’ici, dans la région.
Pourquoi avoir choisi un format entièrement numérique ?
Nous essayons de faire bouger les lignes. Le milieu de l’art reste un secteur traditionnel où la dimension numérique est relativement nouvelle. Beaucoup de musées ou de lieux culturels ont une présence en ligne limitée, alors que le numérique est aujourd’hui incontournable. Il est très facile d’avoir les informations sur son téléphone et d’y accéder à tout moment. Raison pour laquelle notre guide est optimisé pour les smartphones avec une carte interactive et une liste de souhaits pour planifier ses visites.
Le French Riviera Art Guide est disponible gratuitement en anglais sur le site et via les réseaux sociaux de The Art Trotter.