L’IA va-t-elle tout changer ? Monaco explore les contours d’une révolution
La Principauté s’est imposée samedi 22 novembre comme un laboratoire de réflexion sur les enjeux technologiques, économiques et sociétaux de l’IA, rassemblant experts internationaux et décideurs locaux autour d’un programme ambitieux lors de la deuxième conférence AI Monaco.
Une révolution en marche
« Nous vivons une révolution », a déclaré Leonardo Fabbri, fondateur d’AI Monaco, lors de son discours d’ouverture samedi 22 novembre au One Monte-Carlo. Face à un amphithéâtre réunissant family offices, entrepreneurs et institutions, il a planté le décor d’une journée consacrée aux bouleversements provoqués par l’intelligence artificielle : « Nous assistons à une transformation majeure de notre quotidien professionnel, avec une part croissante de notre charge de travail transférée à l’IA. »
Les chiffres qu’il a présentés témoignent d’un basculement historique. Depuis le lancement de ChatGPT, les investissements dans les centres de données explosent tandis que la construction de bureaux traditionnels s’effondre. « Les hyperscalers dépensent désormais 100 milliards de dollars par trimestre pour façonner l’avenir », a-t-il souligné, précisant que ces montants représentent « 15% de leurs revenus et 50% de leurs bénéfices – des chiffres jamais vus auparavant. »
Sommes-nous dans une bulle ?
Abordant la question qui préoccupe tous les investisseurs, Fabbri s’est voulu rassurant tout en restant lucide. « Beaucoup de mes interlocuteurs pensent que nous sommes dans une bulle », a-t-il reconnu. Pourtant, les comparaisons avec la bulle internet de 2000 révèlent une situation bien différente : « À l’époque, le ratio cours/bénéfices moyen atteignait 89 fois. Aujourd’hui, nous sommes à 28 fois, soit moins de la moitié. »

Un panel d’experts internationaux
Cette deuxième édition a réuni onze intervenants de premier plan. La matinée a été lancée par Manuel Bevand, responsable R&D chez PokerStars et explorateur de l’IA depuis plus de vingt ans, suivi par le Monégasque Ian Sosso, fondateur de Monte-Carlo Capital. Michelle Sisto, doyenne en intelligence artificielle à l’EDHEC Business School, a détaillé les nouveaux enjeux de l’éducation. Gabriel Greco, fondateur de Quintessential Capital Management, a exposé ses travaux sur l’analyse financière et les anomalies de marché, tandis que Filippo Ghirelli, fondateur d’Infracorp, a abordé les investissements dans l’IA décentralisée.
L’après-midi a exploré les dimensions juridiques avec Silvia Andriotto, avocate spécialisée en technologies, et artistiques avec Geoffroy Staquet des Ballets de Monte-Carlo, qui a présenté le ballet Coppél-I.A. Giada Franceschini, PDG de Boosha AI, a introduit l’IA agentique, tandis que Marco Ripani, directeur de recherche à l’Institut National de Physique Nucléaire, a abordé les ressources énergétiques. Carlo Antoniazzi, d’Aream & Co., a exploré le gaming, suivi de Gregory Gadzinski, professeur de finance à l’IUM. Thomas Rodier, fondateur de Wink Monaco, a conclu avec la dimension philanthropique.
L’énergie, le nerf de la guerre
« L’énergie est probablement le facteur le plus important au monde pour le développement de l’IA », a insisté Fabbri. « Si vous voulez gagner la course à l’IA, vous devez d’abord gagner la course à l’énergie. » Les États-Unis prévoient ainsi de construire 117 gigawatts supplémentaires d’ici 2030, soit l’équivalent de la consommation combinée de l’Italie, du Royaume-Uni et de l’Espagne.
« Je suis très satisfait du déroulement de la conférence », a conclu Leonardo Fabbri. « Notre objectif est de continuer à construire cette plateforme, où la recherche de pointe en IA rencontre les applications concrètes et la réflexion stratégique à long terme. Nous attendons maintenant avec impatience notre prochaine rencontre au Yacht Club en mai 2026. »











