Smartphones interdits, tenue vestimentaire, santé mentale… 5 points clés à retenir pour la rentrée scolaire à Monaco

Dans un contexte d’anxiété croissante chez les jeunes, l’éducation monégasque mise sur le bien-être et la concentration avec des mesures fortes contre les écrans et pour renforcer l’identité collective.
Le lancement du dispositif « No Phone »
La mesure phare de cette rentrée 2025 concerne l’interdiction stricte des téléphones portables du CM2 au lycée, au collège Charles-III et dans les lycées Albert-Ier et Rainier III. Jean-Philippe Vinci, Directeur de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports, a présenté un dispositif innovant : « Chaque élève sera équipé d’une housse magnétique, dans laquelle il rangera son téléphone dès l’entrée de l’établissement. Un système de fixation magnétique empêche d’y accéder durant la journée scolaire. »
La housse suit le principe de la « cage de Faraday » et empêche toute communication. L’objectif est clair selon Jean-Philippe Vinci : « Il faut parvenir à détacher nos jeunes générations de cette tétine numérique. On ne lutte pas contre l’outil mais plutôt contre les comportements qui vont de l’addiction à l’inattention en classe, en passant par le cyber harcèlement à l’intérieur de l’école. »
Cette mesure s’inscrit dans un arsenal plus large de « couvre-feu numérique » de 21h30 à 7h pour les collégiens sur les ordinateurs fournis par l’État. Mais également dans une réflexion globale sur la place de la technologie dans la société.
La santé mentale et la technologie
Le Conseiller-Ministre de l’Intérieur, Lionel Beffre, a de son côté profité de la conférence de presse de rentrée pour rappeler les deux défis majeurs que devra relever la société monégasque : « Le premier est lié aux évolutions comportementales d’une société de plus en plus violente dans laquelle les problématiques de harcèlement et de santé mentale sont préoccupantes. Le second concerne plus directement l’incidence qu’a l’intelligence artificielle sur l’enseignement ».
Cette année, l’accompagnement psychologique sera renforcé avec « une présentation systématique du psychologue scolaire dès la rentrée à tous les élèves » et un travail avec le CHPG afin de renforcer l’écoute et la détection des situations de détresse.
Les réflexions sur la santé mentale et au numérique émanent quant à elles des discussions entre l’Association des Parents d’Elèves des Ecoles de la Principauté de Monaco (APEM), mais aussi les échanges de la commission consultative jeune où les élèves évoquaient la pression scolaire. Au-delà du dispositif « No Phone », des ateliers et formations à l’IA et au numérique seront mis en place.

Le retour de la tenue vestimentaire
Dès janvier 2026, le collège Charles III adoptera une tenue vestimentaire standardisée. « Le haut sera fourni avec un logo et le bas restera libre » précise Philippe Vinci qui entend « renforcer l’identité » et la « fierté d’appartenir à un collectif ». Une initiative soutenue par le gouvernement qui s’inscrit, pour Lionel Beffre, dans le cadre plus large du respect de l’autorité : « Nous avons constaté un taux élevé d’absentéisme, y compris dans les classes terminales. Il nous faut rappeler la nécessité de ponctualité, d’assiduité, de respect des camarades et des enseignants […] Dans une société souvent très individualiste, le respect des règles communes s’apprend et se pratique d’abord à l’école ».
Des mathématiques et de la musique
Au-delà des mesures disciplinaires, Monaco déploie une stratégie d’innovation qui révèle ses ambitions. Le programme « Musique Pour Tous » en maternelle, les partenariats avec l’Opéra de Monte-Carlo, ou encore la préparation aux Olympiades de mathématiques dessinent les contours d’une école d’excellence assumée.
Une 3ème prépa-métiers fait aussi son apparition pour « arriver à une orientation choisie et non pas subie », déclare Philippe Vinci. Les élèves concernés passeront donc cinq heures par semaine au collège et cinq heures par semaine à découvrir le lycée technique et d’autres endroits.
La culture de l’excellence
Alors que de nombreux systèmes éducatifs européens peinent à maintenir leurs effectifs d’enseignants et font face à des classes toujours plus bondées, Monaco s’appuie sur stabilité démographique pour entretenir un modèle éducatif d’excellence. « Le nombre raisonnable d’élèves par classe est une des clés, selon nous, de la qualité d’enseignement dispensé », analyse Lionel Beffre, qui félicite au passage l’arrivée de deux nouveaux chefs d’établissement, le transfert provisoire du lycée Albert Ier dans les locaux rénovés de l’Annonciade (ancien collège Charles III) et l’arrivée d’Eurest comme nouveau prestataire de restauration.
Avec ses 5 694 élèves inscrits pour l’année 2025-2026, cette philosophie du « moins mais mieux » trouve sa justification dans des résultats qui confinent à l’excellence, en avoisinant les 100% de réussite au baccalauréat, en BTS et au brevet. Le recours massif aux détachés français (plus de 70% des 890 enseignants) illustre paradoxalement cette capacité d’attractivité de la Principauté qui fait de l’éducation un modèle d’excellente.